Camille de Neufville de Villeroy : Différence entre versions
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Second des cinq fils de [[Charles de Neufville|Charles {{Ier}} de Neufville de Villeroy]], marquis d'Halincourt, et petit-fils de [[Famille de Neufville de Villeroy|Nicolas IV de Neufville de Villeroy]], ancien ministre des rois de France, il nait à Rome où son père est ambassadeur du roi{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. Il doit son prénom à son parrain Camille Borghèse, pape sous le nom de [[Paul V]]. | Second des cinq fils de [[Charles de Neufville|Charles {{Ier}} de Neufville de Villeroy]], marquis d'Halincourt, et petit-fils de [[Famille de Neufville de Villeroy|Nicolas IV de Neufville de Villeroy]], ancien ministre des rois de France, il nait à Rome où son père est ambassadeur du roi{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. Il doit son prénom à son parrain Camille Borghèse, pape sous le nom de [[Paul V]]. | ||
− | En 1607 il arrive à Lyon. En 1612, il reçoit la tonsure | + | En 1607 il arrive à Lyon. En 1612, il reçoit la tonsure{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. L'année suivante, il entre au chapitre cathédral<ref name="Berthod-p106">Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, ''Archevêques de Lyon'', Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, {{ISBN|978-284147-228-4}}, {{p.|106}}</ref>. N'étant que le cadet de la famille, sa voie est toute tracée : il fera une carrière ecclésiastique. En 1616 il est nommé abbé de [[Abbaye Saint-Wandrille de Fontenelle|Saint-Wandrille]] en [[Seine-Maritime]] puis en 1617 abbé d'[[Basilique Saint-Martin d'Ainay|Ainay]] et abbé de l'[[Abbaye de l'Île Barbe|Île Barbe]] en 1618{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. |
− | Il fait ses études à la [[ | + | Il fait ses études à la [[Sorbonne]] et soutient son doctorat{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. Il devient alors docteur en théologie<ref name="Berthod-p106" />. |
Il revient à Lyon en 1646 pour assurer la fonction de Lieutenant général du gouvernement du Lyonnais, du Beaujolais et du Forez auprès de son frère aîné, [[Nicolas de Neufville de Villeroy|Nicolas]].{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} | Il revient à Lyon en 1646 pour assurer la fonction de Lieutenant général du gouvernement du Lyonnais, du Beaujolais et du Forez auprès de son frère aîné, [[Nicolas de Neufville de Villeroy|Nicolas]].{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} | ||
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En 1641, il est nommé abbé commendataire de [[abbaye de Mozac|Mozac]] en [[Basse-Auvergne]]. Il le restera jusqu'en 1655. Cependant il vit à Vimy qui est appelé alors « Neufville » ou « Neuville ». | En 1641, il est nommé abbé commendataire de [[abbaye de Mozac|Mozac]] en [[Basse-Auvergne]]. Il le restera jusqu'en 1655. Cependant il vit à Vimy qui est appelé alors « Neufville » ou « Neuville ». | ||
− | Le 6 mai 1646<ref>Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, ''Archevêques de Lyon'', Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, | + | Le 6 mai 1646<ref name="Berthod-p107">Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, ''Archevêques de Lyon'', Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, {{ISBN|978-284147-228-4}}, {{p.|107}}</ref>, il est nommé par le roi Lieutenant général auprès de son frère [[Nicolas de Neufville de Villeroy|Nicolas]], gouverneur du Lyonnais, Forez et Beaujolais. Cette commission l'autorise à exercer la charge de gouverneur lors des absences de son aîné, souvent accaparé par ses fonctions de maréchal de France, à la cour du roi.{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} |
− | Pendant [[la Fronde]], il affirme sa fidélité au Roi [[Louis XIV de France|Louis XIV]], et maintient sous l'autorité royale la seconde ville du royaume | + | Pendant [[la Fronde]], il affirme sa fidélité au Roi [[Louis XIV de France|Louis XIV]], et maintient sous l'autorité royale la seconde ville du royaume<ref name="Berthod-p106" />. |
− | En 1653, conformément au [[ | + | En 1653, conformément au [[Concordat de Bologne]], il devient archevêque de Lyon, succédant à [[Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu|Alphonse de Richelieu]] dans ses fonctions<ref name="Berthod-p107" />. |
− | Dès lors, Camille de Neufville de Villeroy assure une double charge, temporelle et spirituelle, et s'établit au palais de l'archevêché | + | Dès lors, Camille de Neufville de Villeroy assure une double charge, temporelle et spirituelle, et s'établit au palais de l'archevêché{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. |
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− | Camille de Neufville de Villeroy réforme son [[diocèse]], laissé à l'abandon par son prédécesseur<ref>[[Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu]], frère aîné du Premier ministre de Louis XIII, et cardinal comme lui</ref>. Il applique des méthodes d'inspiration [[Charles Borromée|borroméenne]]. Il visite méthodiquement, du [[Massif du Jura|Jura]] au [[Dauphiné]] et au [[Forez]], les 760 paroisses de cet immense diocèse, soutient les [[Liste des congrégations catholiques|congrégation]]s religieuses, crée des fondations [[séminaire (catholique)|séminaire]]s (séminaire Saint-Irénée, séminaire Saint-Charles, missionnaires de Saint-Joseph, de Saint-Lazare)<ref>Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, ''Archevêques de Lyon'', Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, | + | Camille de Neufville de Villeroy réforme son [[diocèse]], laissé à l'abandon par son prédécesseur<ref>[[Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu]], frère aîné du Premier ministre de Louis XIII, et cardinal comme lui</ref>. Il applique des méthodes d'inspiration [[Charles Borromée|borroméenne]]. Il visite méthodiquement, du [[Massif du Jura|Jura]] au [[Dauphiné]] et au [[Forez]], les 760 paroisses de cet immense diocèse, soutient les [[Liste des congrégations catholiques|congrégation]]s religieuses, crée des fondations [[séminaire (catholique)|séminaire]]s (séminaire Saint-Irénée, séminaire Saint-Charles, missionnaires de Saint-Joseph, de Saint-Lazare)<ref name="Berthod-p108">Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, ''Archevêques de Lyon'', Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, {{ISBN|978-284147-228-4}}, {{p.|108}}</ref>, aide au développement des [[couvent]]s (féminins notamment), et restaure la discipline dans le [[clergé régulier]] et [[clergé|séculier]]. |
− | Par son autorité, Camille de Neufville de Villeroy fait figure d'exception dans l'exercice de sa charge de gouverneur. Au moment où les intendants prennent le pas sur les autres gouverneurs dans le royaume, Saint-Simon souligne qu'il ne fléchit pas : « tout tremblait sous lui, les villes, les troupes, jusqu'à l'intendant. »<ref>André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, ''Histoire de Lyon des origines à nos jours'', Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, | + | Par son autorité, Camille de Neufville de Villeroy fait figure d'exception dans l'exercice de sa charge de gouverneur. Au moment où les intendants prennent le pas sur les autres gouverneurs dans le royaume, Saint-Simon souligne qu'il ne fléchit pas : « tout tremblait sous lui, les villes, les troupes, jusqu'à l'intendant. »<ref>André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, ''Histoire de Lyon des origines à nos jours'', Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, {{ISBN|978-284147-190-4}}, {{p.|449}}</ref> Il précise : « Il avait plus d'esprit et de sens encore que son frère, fut peu archevêque et moins commandant que roi en ces provinces qu'il ne quittait presque jamais. » {{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} |
− | Toutefois il privilégie toujours la négociation sur la contrainte. Ses bonnes relations avec les Jésuites soutiennent son action de lutte contre le [[jansénisme]], alors fermement combattu par les autorités royales et pontificales. Il est à noter aussi qu'il nomme son demi-frère Antoine de Neufville [[ | + | Toutefois il privilégie toujours la négociation sur la contrainte. Ses bonnes relations avec les Jésuites soutiennent son action de lutte contre le [[jansénisme]], alors fermement combattu par les autorités royales et pontificales. Il est à noter aussi qu'il nomme son demi-frère Antoine de Neufville [[vicaire général]] pour solliciter ses conseils. {{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. |
De même il juge inutile de lutter contre la ''religion prétendument réformée'', peu répandue en région lyonnaise, mais importante dans le commerce de la ville. En sorte que, lors de la [[Édit de Fontainebleau (1685)|révocation de l’Édit de Nantes]], en 1685, « l'abjuration se fit sans grandes peines ni formalités »<ref>Lambert d'Herbigny, ''Mémoire sur le Gouvernement du Lyonnais'', in ''Revue Historique de Lyon'', 1902</ref>. Quant aux récalcitrants, ils purent partir avec leurs biens. | De même il juge inutile de lutter contre la ''religion prétendument réformée'', peu répandue en région lyonnaise, mais importante dans le commerce de la ville. En sorte que, lors de la [[Édit de Fontainebleau (1685)|révocation de l’Édit de Nantes]], en 1685, « l'abjuration se fit sans grandes peines ni formalités »<ref>Lambert d'Herbigny, ''Mémoire sur le Gouvernement du Lyonnais'', in ''Revue Historique de Lyon'', 1902</ref>. Quant aux récalcitrants, ils purent partir avec leurs biens. | ||
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Contesté dans sa prééminence de primat des Gaules par plusieurs archevêques, dont celui de Paris, [[François Harlay de Champvallon]], Neufville tient bon. | Contesté dans sa prééminence de primat des Gaules par plusieurs archevêques, dont celui de Paris, [[François Harlay de Champvallon]], Neufville tient bon. | ||
− | Dans la lutte qui oppose Louis XIV et l'[[Église gallicane]] au Pape dans les années 1680 (l'[[affaire de la régale]]), il reste fidèle au roi | + | Dans la lutte qui oppose Louis XIV et l'[[Église gallicane]] au Pape dans les années 1680 (l'[[affaire de la régale]]), il reste fidèle au roi<ref name="Berthod-p106" />. |
− | Son double pouvoir temporel et spirituel octroie des privilèges à Camille de Neufville de Villeroy et lui permet de vivre dans l'opulence. Par exemple, à l'occasion de la Saint Hubert patron des chasseurs, il fête en grande pompe ce 3 novembre en organisant une superbe chasse dans sa belle demeure de Vimy à [[Neuville-sur-Saône|Neuville]]. Les plats raffinés se succèdent à sa table : langues fumées, truffes noires, gibier... Son train de vie est fastueux, avec feux d'artifice réguliers, et Camille n'hésite pas à réclamer des sommes supplémentaires au roi quand il le juge nécessaire | + | Son double pouvoir temporel et spirituel octroie des privilèges à Camille de Neufville de Villeroy et lui permet de vivre dans l'opulence. Par exemple, à l'occasion de la Saint Hubert patron des chasseurs, il fête en grande pompe ce 3 novembre en organisant une superbe chasse dans sa belle demeure de Vimy à [[Neuville-sur-Saône|Neuville]]. Les plats raffinés se succèdent à sa table : langues fumées, truffes noires, gibier... Son train de vie est fastueux, avec feux d'artifice réguliers, et Camille n'hésite pas à réclamer des sommes supplémentaires au roi quand il le juge nécessaire<ref>André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, ''Histoire de Lyon des origines à nos jours'', Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, {{ISBN|978-284147-190-4}}, {{p.|454}}</ref>. |
− | Pour autant, il ne néglige pas sa mission religieuse. Secondé par [[Charles Démia]], il fonde par exemple plusieurs écoles pour enfants pauvres. En 1689 on en compte 16 dans le diocèse | + | Pour autant, il ne néglige pas sa mission religieuse. Secondé par [[Charles Démia]], il fonde par exemple plusieurs écoles pour enfants pauvres. En 1689 on en compte 16 dans le diocèse<ref name="Berthod-p108" />. |
Jusqu'à la fin de sa vie, Camille de Neufville de Villeroy assure la gestion de son diocèse, faisant face notamment à la grande famine de 1693. | Jusqu'à la fin de sa vie, Camille de Neufville de Villeroy assure la gestion de son diocèse, faisant face notamment à la grande famine de 1693. | ||
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− | L'archevêché qu'il laisse derrière lui doit revenir à son petit-neveu, François Paul de Neufville. Néanmoins celui-ci est trop jeune pour assurer la fonction et le nouvel archevêque est dans un premier temps [[Claude de Saint-Georges]] de 1693 à 1714, avant que ce ne soit effectivement François Paul de Neufville de 1714 à 1731 | + | L'archevêché qu'il laisse derrière lui doit revenir à son petit-neveu, François Paul de Neufville. Néanmoins celui-ci est trop jeune pour assurer la fonction et le nouvel archevêque est dans un premier temps [[Claude de Saint-Georges]] de 1693 à 1714, avant que ce ne soit effectivement François Paul de Neufville de 1714 à 1731<ref name="Berthod-p107" />. |
Contrairement à sa volonté expresse, la ville lui fait des funérailles solennelles. | Contrairement à sa volonté expresse, la ville lui fait des funérailles solennelles. | ||
− | En revanche, son souhait est respecté concernant sa bibliothèque. Collectionneur de livres et érudit, il possédait en effet une bibliothèque riche de plus de {{unité|5000|volumes}}, comportant de nombreux ouvrages religieux {{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} et pour laquelle il avait fait construire une galerie sur voûtes. | + | En revanche, son souhait est respecté concernant sa bibliothèque. Collectionneur de livres et érudit, il possédait en effet une bibliothèque riche de plus de {{unité|5000|volumes}}, comportant de nombreux ouvrages religieux {{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} et pour laquelle il avait fait construire une galerie sur voûtes. À sa mort, le fonds est transmis au collège des jésuites{{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}}. Quant à la galerie, située en bord de Saône, le nouvel archevêque son [[Claude_II_de_Saint-Georges|successeur]], décide d'en poursuivre l'aménagement, la dotant d'une terrasse<ref>André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, ''Histoire de Lyon des origines à nos jours'', Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, {{ISBN|978-284147-190-4}}, {{p.|369}}</ref>. |
− | Enfin, concernant la puissance de la famille de Villeroy, celle-ci se trouva consolidée après l' | + | Enfin, concernant la puissance de la famille de Villeroy, celle-ci se trouva consolidée après l'œuvre de Camille de Neufville<ref name="Berthod-p107" />. |
− | + | À propos de la postérité architecturale, on peut rappeler que Camille de Neufville de Villeroy s'est trouvé en 1646 à l'initiative de l'édification de l'actuel [[Hôtel de ville de Lyon|Hôtel de Ville de Lyon]], invitant le Consulat à prendre cette décision. {{sfn|Patrice Béghain|Bruno Benoit|Gérard Corneloup|Bruno Thévenon|2009}} | |
Il a marqué aussi définitivement la ville de Neuville-sur-Saône de son empreinte, finançant la construction d'[[Église Notre-Dame-de-l'Assomption (Neuville-sur-Saône)|une église imposante]] dans sa paroisse de Vimy ou paroisse de « Neuville-l'Archevêque ». Et si à la Révolution, la ville devient momentanément « Marat-sur-Saône », elle a conservé le nom de ce personnage et se nomme encore aujourd'hui « [[Neuville-sur-Saône]] ». | Il a marqué aussi définitivement la ville de Neuville-sur-Saône de son empreinte, finançant la construction d'[[Église Notre-Dame-de-l'Assomption (Neuville-sur-Saône)|une église imposante]] dans sa paroisse de Vimy ou paroisse de « Neuville-l'Archevêque ». Et si à la Révolution, la ville devient momentanément « Marat-sur-Saône », elle a conservé le nom de ce personnage et se nomme encore aujourd'hui « [[Neuville-sur-Saône]] ». |
Version du 5 juin 2019 à 09:11
Camille de Neufville de Villeroy (Rome, - Lyon, ) est un homme d'Église français. Il est archevêque et comte de Lyon, primat des Gaules, de 1653 à 1693.
Sommaire
Biographie
Jeunesse et formation
Second des cinq fils de [[Charles de Neufville|Charles Modèle:Ier de Neufville de Villeroy]], marquis d'Halincourt, et petit-fils de Nicolas IV de Neufville de Villeroy, ancien ministre des rois de France, il nait à Rome où son père est ambassadeur du roiModèle:Sfn. Il doit son prénom à son parrain Camille Borghèse, pape sous le nom de Paul V.
En 1607 il arrive à Lyon. En 1612, il reçoit la tonsureModèle:Sfn. L'année suivante, il entre au chapitre cathédral[1]. N'étant que le cadet de la famille, sa voie est toute tracée : il fera une carrière ecclésiastique. En 1616 il est nommé abbé de Saint-Wandrille en Seine-Maritime puis en 1617 abbé d'Ainay et abbé de l'Île Barbe en 1618Modèle:Sfn.
Il fait ses études à la Sorbonne et soutient son doctoratModèle:Sfn. Il devient alors docteur en théologie[1].
Il revient à Lyon en 1646 pour assurer la fonction de Lieutenant général du gouvernement du Lyonnais, du Beaujolais et du Forez auprès de son frère aîné, Nicolas.Modèle:Sfn
Une double charge : gouverneur et archevêque
En juin 1630, il achète le château d'Ombreval, à Vimy, au nord de Lyon, et en fait une résidence somptueuse. Il a l'occasion d'y recevoir Louis XIII.
En 1641, il est nommé abbé commendataire de Mozac en Basse-Auvergne. Il le restera jusqu'en 1655. Cependant il vit à Vimy qui est appelé alors « Neufville » ou « Neuville ».
Le 6 mai 1646[2], il est nommé par le roi Lieutenant général auprès de son frère Nicolas, gouverneur du Lyonnais, Forez et Beaujolais. Cette commission l'autorise à exercer la charge de gouverneur lors des absences de son aîné, souvent accaparé par ses fonctions de maréchal de France, à la cour du roi.Modèle:Sfn
Pendant la Fronde, il affirme sa fidélité au Roi Louis XIV, et maintient sous l'autorité royale la seconde ville du royaume[1].
En 1653, conformément au Concordat de Bologne, il devient archevêque de Lyon, succédant à Alphonse de Richelieu dans ses fonctions[2].
Dès lors, Camille de Neufville de Villeroy assure une double charge, temporelle et spirituelle, et s'établit au palais de l'archevêchéModèle:Sfn.
En 1658 il accueille Louis XIVModèle:Sfn.
Politique mise en œuvre
Camille de Neufville de Villeroy réforme son diocèse, laissé à l'abandon par son prédécesseur[3]. Il applique des méthodes d'inspiration borroméenne. Il visite méthodiquement, du Jura au Dauphiné et au Forez, les 760 paroisses de cet immense diocèse, soutient les congrégations religieuses, crée des fondations séminaires (séminaire Saint-Irénée, séminaire Saint-Charles, missionnaires de Saint-Joseph, de Saint-Lazare)[4], aide au développement des couvents (féminins notamment), et restaure la discipline dans le clergé régulier et séculier.
Par son autorité, Camille de Neufville de Villeroy fait figure d'exception dans l'exercice de sa charge de gouverneur. Au moment où les intendants prennent le pas sur les autres gouverneurs dans le royaume, Saint-Simon souligne qu'il ne fléchit pas : « tout tremblait sous lui, les villes, les troupes, jusqu'à l'intendant. »[5] Il précise : « Il avait plus d'esprit et de sens encore que son frère, fut peu archevêque et moins commandant que roi en ces provinces qu'il ne quittait presque jamais. » Modèle:Sfn
Toutefois il privilégie toujours la négociation sur la contrainte. Ses bonnes relations avec les Jésuites soutiennent son action de lutte contre le jansénisme, alors fermement combattu par les autorités royales et pontificales. Il est à noter aussi qu'il nomme son demi-frère Antoine de Neufville vicaire général pour solliciter ses conseils. Modèle:Sfn.
De même il juge inutile de lutter contre la religion prétendument réformée, peu répandue en région lyonnaise, mais importante dans le commerce de la ville. En sorte que, lors de la révocation de l’Édit de Nantes, en 1685, « l'abjuration se fit sans grandes peines ni formalités »[6]. Quant aux récalcitrants, ils purent partir avec leurs biens.
Contesté dans sa prééminence de primat des Gaules par plusieurs archevêques, dont celui de Paris, François Harlay de Champvallon, Neufville tient bon.
Dans la lutte qui oppose Louis XIV et l'Église gallicane au Pape dans les années 1680 (l'affaire de la régale), il reste fidèle au roi[1].
Son double pouvoir temporel et spirituel octroie des privilèges à Camille de Neufville de Villeroy et lui permet de vivre dans l'opulence. Par exemple, à l'occasion de la Saint Hubert patron des chasseurs, il fête en grande pompe ce 3 novembre en organisant une superbe chasse dans sa belle demeure de Vimy à Neuville. Les plats raffinés se succèdent à sa table : langues fumées, truffes noires, gibier... Son train de vie est fastueux, avec feux d'artifice réguliers, et Camille n'hésite pas à réclamer des sommes supplémentaires au roi quand il le juge nécessaire[7].
Pour autant, il ne néglige pas sa mission religieuse. Secondé par Charles Démia, il fonde par exemple plusieurs écoles pour enfants pauvres. En 1689 on en compte 16 dans le diocèse[4].
Jusqu'à la fin de sa vie, Camille de Neufville de Villeroy assure la gestion de son diocèse, faisant face notamment à la grande famine de 1693.
Postérité
Camille de Neufville de Villeroy meurt le 13 juin 1693, à Lyon, à l'âge de 87 ans.
L'archevêché qu'il laisse derrière lui doit revenir à son petit-neveu, François Paul de Neufville. Néanmoins celui-ci est trop jeune pour assurer la fonction et le nouvel archevêque est dans un premier temps Claude de Saint-Georges de 1693 à 1714, avant que ce ne soit effectivement François Paul de Neufville de 1714 à 1731[2].
Contrairement à sa volonté expresse, la ville lui fait des funérailles solennelles.
En revanche, son souhait est respecté concernant sa bibliothèque. Collectionneur de livres et érudit, il possédait en effet une bibliothèque riche de plus de 5 000 volumes, comportant de nombreux ouvrages religieux Modèle:Sfn et pour laquelle il avait fait construire une galerie sur voûtes. À sa mort, le fonds est transmis au collège des jésuitesModèle:Sfn. Quant à la galerie, située en bord de Saône, le nouvel archevêque son successeur, décide d'en poursuivre l'aménagement, la dotant d'une terrasse[8].
Enfin, concernant la puissance de la famille de Villeroy, celle-ci se trouva consolidée après l'œuvre de Camille de Neufville[2].
À propos de la postérité architecturale, on peut rappeler que Camille de Neufville de Villeroy s'est trouvé en 1646 à l'initiative de l'édification de l'actuel Hôtel de Ville de Lyon, invitant le Consulat à prendre cette décision. Modèle:Sfn
Il a marqué aussi définitivement la ville de Neuville-sur-Saône de son empreinte, finançant la construction d'une église imposante dans sa paroisse de Vimy ou paroisse de « Neuville-l'Archevêque ». Et si à la Révolution, la ville devient momentanément « Marat-sur-Saône », elle a conservé le nom de ce personnage et se nomme encore aujourd'hui « Neuville-sur-Saône ».
Armoiries
Bibliographie
- Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, Editions Stéphane Bachès, , 1504 p. (ISBN 978-2-915266-65-8), p. 905
Notes et références
Article connexe
Sources et bibliographie
- Erreur Lua dans package.lua à la ligne 80 : module 'Module:Wikidata' not found.
- Poullin de Lumina, Abrégé chronologique de l'Histoire de Lyon, édité par Aimé Delaporte pour Modèle:Mgr de Villeroy, gouverneur, 1767.
- A. Kleinclausz, Histoire de Lyon, tome II, Masson, 1948.
- M.-L. Latreille, L'œuvre pastorale de Modèle:Mgr Camille de Neufville de Villeroy, mémoire à la Faculté des Lettres de Lyon, 1950.
- ↑ 1,0, 1,1, 1,2 et 1,3 Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, Archevêques de Lyon, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, (ISBN 978-284147-228-4), p. 106
- ↑ 2,0, 2,1, 2,2 et 2,3 Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, Archevêques de Lyon, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, (ISBN 978-284147-228-4), p. 107
- ↑ Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère aîné du Premier ministre de Louis XIII, et cardinal comme lui
- ↑ 4,0 et 4,1 Bernard Berthod - Jacqueline Boucher - Bruno Galland - Régis Ladous - André Pelletier, Archevêques de Lyon, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2012, 192 p, (ISBN 978-284147-228-4), p. 108
- ↑ André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, Histoire de Lyon des origines à nos jours, Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, (ISBN 978-284147-190-4), p. 449
- ↑ Lambert d'Herbigny, Mémoire sur le Gouvernement du Lyonnais, in Revue Historique de Lyon, 1902
- ↑ André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, Histoire de Lyon des origines à nos jours, Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, (ISBN 978-284147-190-4), p. 454
- ↑ André Pelletier - Jacques Rossiaud - Françoise Bayard - Pierre Cayez, Histoire de Lyon des origines à nos jours, Editions Lyonnaises d'Art de d'Histoire, 2007, 956 p, (ISBN 978-284147-190-4), p. 369
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- Naissance en août 1606
- Naissance à Rome
- Décès en juin 1693
- Décès à Lyon
- Famille de Neufville de Villeroy
- Archevêque de Lyon
- Abbé de Mozac
- Prêtre catholique français du XVIIe siècle
- Neuville-sur-Saône
- Lyon au XVIIe siècle
- Commandeur de l'ordre du Saint-Esprit
- Décès à 86 ans